• 22 December 2024
Cancer de la vulve : quels symptômes et comment le traiter ?

Avec une incidence d’1,5 cas pour 100 000 femmes, le cancer de la vulve est peu commun et touche principalement des patientes âgées. Particulièrement méconnu du grand public, il doit pourtant être pris au sérieux et rapidement traité. Mais comment le détecter ? Quelles sont ses différentes formes ? Comment le soigner ? Retrouvez toutes les réponses à vos questions avec le Dr Yann Delpech, Chef du département de Chirurgie au sein de l’Institut Universitaire du Sein et de Cancérologie Gynécologique (IUSCG) du centre Antoine Lacassagne de Nice.

1- Qu’est-ce que le cancer de la vulve ?

Le cancer de la vulve peut se développer sur les grandes lèvres ou les petites lèvres (80 % des cas), ou encore entraîner des lésions sur le clitoris (20 % des cas). Avec seulement 830 cas par an, son incidence est très minime. “Lorsqu’une patiente découvre qu’elle est atteinte d’un cancer de la vulve, elle est en général très surprise car cette pathologie est réellement méconnue“, observe le Dr Delpech.

La plupart du temps, le cancer de la vulve apparaît chez des femmes âgées de plus de 70 ans, ce qui explique que celui-ci peut passer inaperçu. En effet, cette zone est difficile à observer par soi-même, et la plupart des femmes âgées ne se font plus suivre par un gynécologue.

Dans 90 % des cas, le cancer de la vulve est un carcinome épidermoïde, c’est-à-dire qu’il se développe à partir des cellules l’épiderme. Dans 10 % des cas, il peut s’agir d’un mélanome ou d’un adénocarcinome développé à partir des glandes.

2- Causes : qu’est- ce qui provoque un cancer de la vulve ?

Dans la grande majorité des cas (95 %), le cancer de la vulve est lié à une infection par un Papillomavirus oncogène (il existe plusieurs types d’HPV). Ce dernier est le plus souvent contracté chez la femme au moment de son activité génitale débutante, d’où l’intérêt de la vaccination chez les adolescentes. Normalement, le système immunitaire se charge de le supprimer, mais dans certaines situations, le virus va persister. La persistance de l’HPV va entraîner des désordres cellulaires qui peuvent être observés au niveau du col de l’utérus, du vagin, de la vulve ou de l’anus. “Le virus HPV peut générer des lésions précancéreuses vulvaires qui se traduisent par des plaques rouges ou blanches rugueuses, pouvant provoquer ou non une envie de se gratter. Ce sont ces lésions, qui, en évoluant dans le temps, peuvent se transformer en cancer“, explique le Dr Delpech.

Dans les cas restants (5%), le cancer de la vulve se développe à partir de lésions appelées “lichen scléreux vulvaire” indépendantes de toute infection HPV. Le lichen se présente sous la forme de lésions blanches, rouges ou grises.

A noter qu’une très faible proportion de cas de cancer de la vulve se développe sur des lésions non classables (comme la maladie de Paget). “Ces lésions se retrouvent sur les glandes sudorales sous-jacentes ou les glandes de Bartholin. Elles ne se développement donc pas sur les mêmes tissus, et leur pronostic est différent“, affirme le médecin.

Ainsi, la majorité des lésions cancéreuses vulvaires vont se développer sur des lésions dites “précancéreuses”. Voilà pourquoi il est essentiel de les surveiller de près voire de les traiter rapidement. Les gynécologues sont sensibilisés à cette problématique, malheureusement peu de femmes âgées continuent à se faire suivre.

3- Cancer de la vulve : les facteurs de risque

Comme dans beaucoup de cancers, le tabac constitue un facteur de risque. L’immunodépression cellulaire en est un autre (maladies auto-immunes, greffes d’organes, VIH, etc.), car elle va favoriser la persistance du virus HPV, et donc l’apparition de pré-lésions cancéreuses.

4- Symptômes : quels sont les signes du cancer de la vulve ?

Les lésions précancéreuses se traduisent par des plaques blanches ou rouges, plus ou moins rugueuses qui peuvent éventuellement gratter ou être complètement asymptomatiques. “Toute femme qui observerait de telles plaques doit immédiatement consulter son gynécologue ou son dermatologue“, insiste le Dr Delpech.

Lorsque la maladie a atteint le stade cancéreux, elle s’exprime soit par une lésion bourgeonnante, sorte de grosse verrue qui grossit et va saigner au contact, soit par une ulcération qui va aussi saigner au contact, se creuser et s’étendre sur la vulve.

5- Le diagnostic du cancer de la vulve

Pour être diagnostiqué, le cancer de la vulve doit faire l’objet d’un examen clinique par le gynécologue ou le dermatologue. Ensuite, une biopsie est pratiquée par l’un de ces deux spécialistes, soit sous anesthésie locale au cabinet, soit au bloc opératoire sous anesthésie générale si la zone touchée est trop étendue ou que la patiente est trop douloureuse. C’est donc l’analyse de la biopsie qui va confirmer ou non le diagnostic. “Il existe de très nombreuses lésions qui ne sont pas forcément graves comme de l’eczéma, des condylomes, mais toute lésion qui persiste ou qui s’étend doit faire l’objet d’une biopsie“, prévient le spécialiste. En cas de cancer vulvaire confirmé, des examens complémentaires sont aussi pratiqués afin de préciser l’extension exacte des lésions. “On va aussi pratiquer une échographie au niveau des ganglions, et éventuellement une IRM du périnée pour voir si les lésions se sont infiltrées plus profondément“, poursuit le médecin. Enfin, dans le cas des lésions les plus sévères, un pet scanner peut être pratiqué pour rechercher des atteintes distantes notamment ganglionnaires inguinales.

6- Traitements : est-ce que le cancer de la vulve se soigne ?

Le traitement va être différent selon le stade de la maladie, le type de cellule cancéreuse, la taille de la lésion, les zones atteintes, la profondeur d’infiltration, l’existence de lésions précancéreuses autour de la tumeur et l’état général de la patiente.

7- Traitement par chirurgie

Le traitement du cancer de la vulve est généralement chirurgical, qu’il s’agisse de lésions pré-cancéreuses ou cancéreuses. “Le chirurgien pratique alors une exérèse complète de la tumeur avec une marge de sécurité d’1cm autour de la tumeur“, précise le Dr Delpech. Il est à noter que la chirurgie vulvaire peut entraîner une exérèse très importante de la zone avec un fort retentissement sur la fonction sexuelle, et que cette région cicatrise difficilement. “Parfois, le médecin peut être amené à prélever des tissus à côté (lambeaux) pour combler la perte de substance vulvaire. Un chirurgien plasticien peut donc intervenir pour réparer la zone et la suturer sans tensions“, ajoute le médecin. La lourdeur de la chirurgie dépend donc de l’étendue de la zone concernée par les lésions. On associera à cette chirurgie une analyse des ganglions inguinaux. Dans le cas des petites lésions, il s’agira de repérer, prélever et analyser le ganglion sentinelle afin de savoir si celui-ci est atteint. S’il ne l’est pas, cela signifie que les autres ne le sont pas non plus. “Cela évite l’ablation inutile de l’ensemble de la chaine ganglionnaire qui est un geste chirurgical plus lourd“, explique le médecin. Pour repérer ce ganglion sentinelle, on injecte désormais un produit traceur faiblement radioactif à proximité de la tumeur. Le traceur va migrer pendant 2 ou 3H dans les vaisseaux lymphatiques, comme le ferait une cellule cancéreuse jusque dans le ganglion sentinelle. Ensuite, une sonde de détection de la radioactivité (sorte de mini compteur Geiger) est utilisée au bloc pour retrouver la zone radioactive et ainsi prélever ce fameux ganglion sentinelle.

8- Chimiothérapie et radiothérapie

Enfin, la chimiothérapie et la radiothérapie sont utilisées dans les cas non opérables du fait d’une maladie trop évoluée ou lorsque la patiente est trop fragile. La chimiothérapie et la radiothérapie peuvent être également proposées en complément de la chirurgie lorsqu’il existe une atteinte des ganglions.

9-Le suivi post-thérapeutique

Ce suivi est avant tout clinique. Il consiste en un examen gynécologique tous les 6 mois pendant 5 ans, puis chaque année durant toute la vie de la patiente. “Le cancer de la vulve peut récidiver principalement dans les 2 ans, et ces récidives sont en général de très mauvais pronostic avec la moitié des patientes qui décèdent dans l’année“, souligne le médecin.

Toutefois, il est à noter que dans le cas d’un cancer de la vulve de stade 1 traité correctement, les chances de guérison sont supérieures à 90 %. “Comme dans toute pathologie, plus celle-ci est prise tôt, plus le traitement est léger et efficace. D’où l’importance d’un suivi régulier en prévention !“, martèle le médecin.

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