D’origine allergique, aiguë ou chronique, l’eczéma est une maladie de la peau très fréquente provoquant de fortes démangeaisons. Les symptômes et les traitements varient selon les types d’eczéma. Doctissimo fait le point sur cette pathologie cutanée.
L’eczéma, qu’est-ce que c’est ?
L’eczéma est une maladie de la peau d’origine allergique, aiguë ou chronique. Elle se manifeste par des zones rouges surmontées de vésicules qui provoquent d’intenses démangeaisons. C’est l’une des maladies de peau les plus fréquentes. Elle touche le plus souvent les bébés et les enfants, mais peut persévérer à l’adolescence et après. Il arrive aussi que l’inflammation se déclenche à l’âge adulte.
Il faut savoir que l’eczéma peut être confondu avec le psoriasis. Les plaques de psoriasis sont plus épaisses et une desquamation est visible. Souvent, les démengeaisons de l’eczéma sont plus fortes. Il arrive que certains patients souffrent de ces deux pathologies cutanées.
Les symptômes de l’eczéma
Il faut différencier plusieurs types d’eczéma :
L’eczéma aigu
L’éruption évolue classiquement en quatre phases :
- Erythémateuse d’abord avec une rougeur mal limitée et de très petites vésicules. A cette phase les démangeaisons sont importantes ;
- Ensuite les vésicules se regroupent, formant parfois une bulle ;
- L’ouverture des vésicules va provoquer un suintement avec des croûtes et une mise à nu du derme au niveau de la lésion ;
- Les croûtes tombent en une à deux semaines en laissant des cicatrices rosées.
- Le prurit (démangeaison) est un signe constant. Le grattage et le frottement qui suivent provoquent un cercle vicieux prurit – grattage – éruption – prurit.
- L’intolérance vis-à-vis des substances irritantes est fréquente. Les agressions d’ordre psychoaffectif, les modifications extérieures de température et d’humidité, les infections cutanées bactériennes et les vêtements de laine exacerbent les lésions initiales.
- L’eczéma peut se surinfecter (impétiginisation) et surtout se généraliser (érythrodermie).
- L’eczéma chronique
- Forme sèche : la peau présente des placards rouges et croûteux mal délimités, avec une desquamation variable ;
- Forme lichénifié : placards de peau épaisse, parcourues de sillons ;
- Forme dyshidrosique : vésicules sur les faces latérales des doigts, qui en se rompant peuvent former des croûtes ou des fissures.
- La dermatite atopique (autrefois appelée eczéma constitutionnel)
- La dermatite atopique est une maladie de la peau qui évolue sur un mode chronique ou par poussées récidivantes. Elle survient sur un terrain particulier, génétiquement prédisposé, dit atopique, caractérisé par un taux élevé dans le sérum d’une variété d’anticorps, les immunoglobulines E (IgE).
- Le terrain atopique favorise le développement de l’eczéma atopique, de l’asthme, de la rhinite allergique, de la conjonctivite allergique chez un même patient ou de façon dissociée chez un ou plusieurs membres de la famille.
- L’eczéma débute dans 70 % des cas avant le 6° mois de vie, atteignant d’abord les joues et le front puis gagnant les grands plis de flexion. Les poussées sont rythmées par des facteurs climatiques et psychoaffectifs.
- L’évolution est variable. Chez les enfants, l’eczéma peut disparaître vers 3-4 ans, il peut être remplacé par une maladie asthmatique. Il peut aussi persister à l’âge adulte.
- Chez l’adolescent et le jeune adulte, le prurit et la lichénification sont les deux symptômes dominants. Le prurit sévère chronique aboutit et contribue au caractère lichénifié de l’eczéma : la face, le cou, les plis de flexion et le tronc sont les sièges électifs. La chéilite (atteinte des lèvres) est fréquente. La xérose cutanée est majeure : la peau est sèche, rugueuse, très prurigineuse.
- Certains symptômes sont fréquemment retrouvés dans la dermatite atopique :
- La sécheresse de la peau est constante ;
- Parmi les signes biologiques, l’hyperéosinophilie et l’élévation du taux des IgE totales, caractéristique du terrain atopique, sont retrouvés dans 40 à 80 % des cas.
- Les complications de la dermatite atopique sont essentiellement infectieuses : érythrodermie, surinfections par staphylocoques, herpès, mycoses, etc.
- Dans la plupart des cas, l’évolution spontanée de la maladie se fait vers la guérison en quelques années. Il est impossible de fixer l’âge de la disparition de la dermatite pour un malade donné.
- L’eczéma de contact
- Les causes de l’ecséma de contact sont liées à une réaction d’hypersensibilité retardée de type cellulaire vis-à-vis d’un allergène externe. Une période de latence de quelques jours à quelques années existe entre le moment de la première exposition au produit allergisant et celui de la réexposition qui induit l’eczéma.
- Les patients ont souvent de la peine à croire qu’ils sont devenus allergiques à des produits qu’ils ont maniés durant des années ou à des médicaments employés par exemple pour traiter leur eczéma ; pourtant les constituants des topiques (produits appliqué sur la peau) sont les causes essentielles d’eczéma de contact.
- Il faut passer en revue avec le patient tous les produits susceptibles d’être à l’origine de l’affection. La liste est très longue. Par exemple :
- Les médicaments (antibiotiques, phénothiazines , anesthésiques , antihistaminiques ) ;
- Tous les médicaments en application locale soit par la molécule médicamenteuse elle-même, soit par les excipients, les conservateurs ou les colorants) ;
- Le caoutchouc des masques de réanimation, résine d’époxy des canules nasales, métal des électrodes d’ECG ou d’EEG… ;
- Le sparadrap ;
- Le Baume du Pérou ;
- Les désinfectants (formol) ;
- Les produits de beauté, les teintures… ;
- Les produits cosmétiques (crèmes dépilatoires, vernis à ongles, déodorants) : excipients (lanoline), conservateurs, colorants, parfums naturels (essence de citronnelle, thym) ou synthétiques, tensio-actifs de certains shampoings… ;
- Les produits ménagers ;
- Les vêtements et sous-vêtements ;
- Les substances traitant les textiles (colorants, etc.) ;
- Les produits de nettoyage (détergents, lessives) ;
- Les chaussures (produits de tannage, caoutchouc, plastique, teintures) ;
- Les plantes : sumac, chêne, ambroise, primevère… ;
- Les protéines alimentaires (mouton, porc, dinde, poulet, poissons, végétaux) ;
- Les substances industrielles (chrome, nickel, mercure, caoutchouc, résines d’époxy, etc.).
- La kératose pilaire : de petits bouchons cornés folliculaires donnent à la peau une sensation râpeuse, surtout sur la face externe des bras, la face postérieure des cuisses, sur les fesses ;
- Des signes oculaires et péri-oculaires ;
- Un dermographisme : quand on appuie sur la peau avec une pointe, un trait rouge vif apparaît avec gonflement de la peau (comme après une piqûre d’ortie) ;
- Une aggravation des lésions sous l’influence des facteurs d’environnement et l’émotion ;
- Un prurit à la transpiration ;
- Une intolérance à la laine ;
- Un prurigo (apparition répétée de lésions rouges, surmontées d’une vésicule, souvent localisées au niveau des jambes).
- Après l’interrogatoire très complet, le médecin fait appel à des tests épicutanés ou patch tests.
- L’eczéma de contact photoallergique et phototoxique est provoqué par l’exposition à la lumière après application locale de certaines substances chimiques. Il prend l’aspect d’une réponse exagérée au rayonnement solaire. Il doit être distingué des réactions de photosensibilité entraînées par la prise de médicaments par voie générale.
- L’eczéma de contact photoallergique est dû aux lotions après rasage, aux écrans solaires et aux sulfamides utilisés comme topiques. L’eczéma de contact phototoxique est provoqué par les parfums, le goudron de houille, les psoralènes, les huiles de protection.
- Formes particulières d’eczéma
- Eczémas par réactogènes internes
- Un eczéma survenant après administration de l’allergène par voie générale, chez un patient antérieurement sensibilisé par contact cutané avec cet allergène, définit l’eczéma par réactogènes internes. Il est important de noter que la sensibilisation par contact précède l’introduction par voie générale (voie orale, injections, voies respiratoires, amalgames dentaires, tatouages, prothèses etc…).
- L’allergène déclenchant la réaction est soit l’allergène qui a antérieurement induit une sensibilisation par contact ; soit un allergène différent mais partageant avec le premier une sensibilisation de groupe (structure chimique proche).
- Les allergènes possibles sont très nombreux : médicaments, aliments, additifs (anti-oxydants, conservateurs, colorants, contaminants), métaux (nickel, chrome), implants orthopédiques, métaux des amalgames dentaires, stérilet au cuivre, pace-makers, implants oculaires, corps étrangers métalliques…
- Le diagnostic est difficile et impose une enquête allergologique soigneuse.
- L’éviction totale de l’allergène responsable est le seul garant de la guérison définitive. L’ablation d’une prothèse responsable pose bien évidemment des problèmes délicats.
- Eczémas microbiens et mycosiques
- Ce sont des eczémas liés à une sensibilisation aux produits sécrétés par des microbes ou des champignons. Le foyer infectieux responsable de l’eczéma peut être cutané ou non.
- Dans le cas de foyer cutané, il s’agit de malades porteurs d’une dermatite microbienne qui font, à proximité ou à distance, des réactions cutanées allergiques qui guérissent par le seul traitement du foyer microbien initial.
- Le foyer primitif infectieux peut être mycosique :
- Dermatophytes : teignes du cuir chevelu ;
- Epidermomycoses superficielles ;
- Intertrigos ;
- Onychomycoses (mycoses des ongles) ;
- Levures (candida albicans).
- Il peut également être microbien :
- Staphylocoques ;
- Streptocoques, etc.
- L’eczéma siège souvent aux grands plis, au pourtour des ulcères de jambes et des orifices naturels. Il est souvent difficile de dire s’il s’agit d’une dermite infectieuse qui s’est eczématisée ou d’un eczéma qui s’est surinfecté. Le diagnostic et le traitement sont difficiles.
- Quel traitement contre l’eczéma ?
- Est-ce que l’eczéma part tout seul ?
- Le meilleur traitement est la prévention : il consiste à supprimer tout contact avec l’allergène dépisté. Une désensibilisation est parfois possible. L’évitement peut être très compliqué lorsqu’il y a polysensibilisation. Dans le cas d’un allergène professionnel, des mesures de reclassement peuvent être envisagées.
- Dans le cas de la dermatite atopique, il faudra éviter au maximum l’exposition aux allergènes aériens (pollens, acariens…) et de maintenir la peau bien hydratée avec une crème hypoallergénique.
- En cas d’eczéma, il est recommandé de consulter un médecin spécialiste : le dermatologue ou l’allergologue. Le professionnel de la santé pourra ainsi rédiger une ordonnance avec les traitements adaptés.
- Les traitements locaux
- Il repose d’une part sur les antiseptiques pour éviter la surinfection et d’autre part sur la corticothérapie locale.
- Les antiseptiques
- A la phase érythémateuse, les antiseptiques en solution aqueuse ou alcoolique sont prescrits de façon systématique avant les dermocorticoïdes : Hexamidine , chlorhexidine , Septéal…
- Le Nitrate d’Argent est efficace pour assécher les lésions localisées très suintantes (attention aux taches indélébiles sur les vêtements).
- Les corticoïdes locaux
- Les dermocorticoïdes ont une activité anti-inflammatoire remarquable. La corticothérapie locale est le seul traitement efficace dans la dermatite atopique. Il existe plusieurs formes de corticoïdes locaux : crème dans les formes aiguës suintantes, lotion dans les zones pileuses, pommades dans les formes chroniques lichénifiées. Il existe des produits d’activité différente (classe I très forte, à classe IV faible). La bonne utilisation consiste à frapper fort au début puis à faire une diminution progressive pour trouver une dose d’entretien correcte. Le médecin reste l’interlocuteur à priviligier pour prescrire un traitement adapté à chaque type de lésion cutanée, en particulier chez l’enfant.
- Les effets secondaires sont connus et peuvent être évités par une prescription adaptée :
- Locaux : atrophie de l’épiderme et du derme, purpura et télangiectasies, hypertrichose (apparition de poils), acné, dermite périorale (autour de la bouche), glaucome et cataracte en cas d’applications sur les paupières, allergie au dérivé corticoïde ou à l’excipient… ;
- Généraux : complications digestives, infectieuses, métaboliques, endocriniennes en cas de traitement prolongé sur des surfaces importantes.
- La toilette et l’hygiène
- La peau doit être lubrifiée par des huiles de bain ou des pommades émollientes. Le traitement de la peau sèche à l’aide d’une crème hydratante est indispensable. Les savons surgras et les huiles de bain sont utiles. L’eau et le savon sont asséchants et doivent être évités. Pour une meilleure santé épidermique, il convient de se sécher délicatement avec une serviette en tamponnant et d’éviter de frotter, surtout au niveau d’une lésion cutanée.
- Les ongles doivent être coupés ras pour éviter d’aggraver les lésions au grattage.
- Le traitement par voie orale
- Il a surtout pour but d’éviter les facteurs aggravants : aliments, climat, transpiration. Tout comme pour le psoriasis, le stress peut jouer un rôle dans le déclenchement de l’eczéma.
- Différents traitements oraux peuvent être prescrits, en fonction de la sévérité de cette maladie de peau.
- Si un traitement par voie orale est nécessaire, il reposera sur les antihistaminiques pour calmer les démangeaisons. Les corticoïdes par voie orale n’ont pas d’indication dans l’eczéma.
- La PUVAthérapie est parfois utilisée (psoralène et rayons ultraviolets A). La ciclosporine est parfois proposée dans des cas très sévères.
- En cas de surinfection, les antibiotiques sont utilisés.
- Les cures thermales peuvent avoir un effet bénéfique : Avène, La Bourboule, La Roche-Posay, Molitg-les-Bains, Saint-Gervais, Uriage…
- Précautions particulières en cas d’eczéma
- Le risque d’herpès chez l’atopique impose de lui éviter tout contact avec des personnes porteuses d’herpès en poussée et plus particulièrement d’herpès labial. Il importe d’arrêter immédiatement la corticothérapie locale. L’aciclovir peut être nécessaire.