Une rhinite d’origine allergique peut parfois être prise pour un rhume classique : éternuements, nez qui coule, conjonctivite… Qu’elle ne survienne qu’au printemps (on parle alors de rhinite saisonnière) ou qu’elle dure toute l’année (rhinite persistante), cette affection a pourtant des symptômes bien particuliers. Le tout est de savoir les identifier… ! Interview avec le Dr. Julien Cottet, médecin allergologue, vice-président de la Société Française d’Allergologie.
La rhinite allergique est la manifestation la plus courante de l’allergie respiratoire. Elle est principalement causée par les acariens, les pollens de graminées et les chats. Son traitement passe par des mesures d’éviction, un traitement médicamenteux et la désensibilisation.
Qu’est-ce que la rhinite allergique ?
La rhinite allergique est une inflammation des voies aériennes supérieures, qui survient lorsqu’une personne sensibilisée se trouve en présence d’un allergène. Elle concerne aujourd’hui 25 % de la population1.
On distingue deux types de rhinite allergique :
- La rhinite dite persistante, présente tout au long de l’année, est due à des allergènes que l’on trouve en permanence dans l’environnement (acariens, poils d’animaux, moisissures) ;
- La rhinite allergique saisonnière, liée surtout aux pollens des arbres, graminées et herbacées, se manifeste chaque année à la même saison.
Les symptômes de la rhinite allergique
Lorsqu’au printemps, un allergique au pollen entre dans un champ, sa réaction peut être immédiate et en général assez violente, caractéristique de la rhinite allergique saisonnière. Dr. Julien Cottet, médecin allergologue, précise les symptômes :
- Éternuement ;
- Le nez se met à couler, il démange ;
- Le nez se bouche ;
- Les yeux commencent à pleurer, on ressent une sensation de grain de sable dans les yeux ;
- La respiration devient difficile et sifflante, et la toux apparaît ;
- Sensation d’oppression thoracique ;
- La gorge peut démanger ;
- Une irritabilité, une fatigue peuvent se faire ressentir.
Chez la moitié des allergiques au pollen, tous ces symptômes sont associés à une conjonctivite. Dans les cas les plus sévères, cette scène peut se terminer par une crise d’asthme.
Dans de rares cas, lors d’un contact direct avec la peau, des personnes très allergiques peuvent aussi développer une urticaire, associée à la rhinite. “L’eczéma ou l’urticaire de contact peut survenir chez un enfant qui joue dans l’herbe, car sa peau est au contact des pollens” prend exemple l’expert.
Concernant les acariens, la crise de rhinite allergique peut aussi se terminer par une crise d’asthme. Elle surviendra plus volontiers le matin, car les particules d’allergène étant de taille plus importante que les pollens, elles mettent plus longtemps à arriver dans les bronches, et la crise est décalée.
Rhinite allergique persistante : des symptômes latents
Pour une rhinite allergique persistante, les symptômes sont identiques, mais souvent présents à bas bruit : c’est le nez légèrement bouché toute l’année, qui coule un peu, et qui requiert la présence permanente d’un mouchoir dans la poche…
Ces signes peuvent toutefois être d’intensité variable, en fonction de l’allergène, de la quantité présente dans l’air, et du degré de sensibilisation de la personne. La rhinite déclenchée par une allergie aux poils d’animaux est par exemple souvent aussi explosive qu’une rhinite allergique saisonnière.
Les causes de la rhinite allergique : des calendriers différents
La rhinite allergique saisonnière, essentiellement liée aux pollens, n’apparaît généralement pas avant l’âge de 3-4 ans, et se déclenche réellement entre 6 et 12-15 ans. En général, cette rhinite allergique pollinique revient tous les ans à peu près à la même période, au début du printemps. Mais pour certains pollens comme le pollen de cyprès, il peut y avoir des variations d’une année sur l’autre, notamment en fonction de la météo. “Cela dépend aussi du type de pollens auquel on est allergique. Les allergies aux graminés surviennent vers avril jusqu’à juin, tandis que les allergies aux urticacés ont lieu vers août, septembre” précise Dr. Cottet, ajoutant que l’allergie à l’ambroisie est plus fréquente dans la région Rhône-Alpes et survient à partir du mois d’août. Pour la rhinite persistante, il n’y a pas vraiment d’âge déterminé : elle peut commencer à l’âge adulte, et même à la retraite ! Il suffit parfois d’un changement de domicile, d’environnement. En Scandinavie, en raison du climat froid et sec, les acariens sont quasiment inexistants, alors que les allergies aux chats et aux pollens de bouleau sont courantes.
Ne pas confondre les rhinites allergiques avec d’autres affections
Pendant un rhume classique, le nez se bouche d’un côté puis de l’autre, brûle, et les sécrétions sont visqueuses. Chez un enfant, il est souvent plus difficile de faire la différence entre un rhume et une rhinite allergique ; le signe caractéristique pour détecter une rhinite allergique est alors de regarder s’il se gratte le nez avec la paume ou avec les doigts. Car tout se résume à une petite phrase : le rhume fait mal au nez, alors que la rhinite allergique gratte.
Les complications de la rhinite allergique
Lorsque l’on reconnaît les symptômes d’une rhinite allergique, il ne faut pas les négliger, car une rhinite légère peut s’aggraver et conduire à une sinusite chronique. Chez les enfants, la rhinite allergique augmente le risque d’otite moyenne.
De nombreux traitements existent : parlez-en à un professionnel de santé, médecin ou pharmacien.
Il est notamment possible d’avoir recours à la désensibilisation. Le traitement repose sur l’administration régulière d’extraits d’allergènes pendant 3 à 5 ans. L’objectif est de rendre le malade tolérant à l’allergène. Ce traitement à prendre sous la langue permet de modifier durablement la réponse immunitaire. “Cela marche très bien et permet la diminution de l’asthme” explique Dr. Cottet.
Pour ce faire, l’allergologue prescrit des doses croissantes de l’allergène responsable, puis la même dose à intervalles réguliers.“L’idéal contre une allergie aux pollens est de commencer l’hiver, 4 mois avant l’arrivée des pollens, pendant 6 mois par an et trois saisons de suite”, explique le médecin ajoutant que les premiers effets apparaissent dès la première année. À savoir : l’immunothérapie allergénique s’applique particulièrement aux patients allergiques aux acariens, aux pollens, ou encore au venin d’hyménoptères.